Sur le territoire des douze communes du Grand Site de France Bibracte – Morvan des Sommets, le réseau des chemins ruraux est exceptionnel : environ 2,7 km de chemins par km². Cette densité s’explique principalement par deux phénomènes historiques : d’une part la dispersion de l’habitat dans le Morvan, qui a entraîné la multiplication des liaisons entre les lieux habités ; d’autre part l’absence de remembrement agricole massif, ce qui a permis aux anciens chemins d’éviter d’être supprimés ou réaménagés en profondeur.
Un maillage paysager et social
Ces chemins ne sont pas de simples sentiers : ils structurent le territoire. Le réseau « charpente et hiérarchise les entités paysagères ». En d’autres mots : les chemins traduisent l’appropriation du territoire par les communautés locales, ils sont un révélateur spatial et social.
On y trouve aussi un « petit patrimoine » riche : murs en pierres sèches délimitant des parcelles, franchissements anciens, fontaines, calvaires. Les chemins sont aussi les témoins des anciens savoir-faire agricoles : haies plessées, trognes, vergers anciens de châtaigniers, noyers, pommiers, captages de sources…
Services environnementaux et atouts pour la nature
Au-delà de l’histoire, ces chemins jouent un rôle écologique essentiel. Les haies qui les jalonnent protègent de l’érosion, enrichissent les sols, améliorent la qualité de l’eau, tempérent le climat local ; elles constituent des corridors écologiques, des refuges pour la biodiversité. Le sentier devient aussi lieu d’agrément : une balade dans un cadre naturel apaisant, offrant des belvédères sur les forêts, les plateaux et les bocages du Morvan.
Un patrimoine à valoriser et un défi de gestion
Ces chemins appartiennent aux communes du territoire : « Les chemins ruraux sont la propriété des communes. ». Depuis 2017, une étude et un programme de mise en valeur sont conduits pour ce patrimoine parmi les douze communes concernées.
- La population du territoire rural a chuté d’environ 80 % depuis le XIXᵉ siècle, beaucoup de lieux habités ont été abandonnés, envahis par la forêt, et certains chemins perdus ou oubliés.
- De nombreux chemins sont endommagés par des engins agricoles et forestiers modernes, peu adaptés au gabarit des lignes anciennes.
- Bien qu’un cadre juridique existe (la loi du 22 juillet 1983 permet l’inscription des chemins ruraux aux PDIPR — Plans Départementaux des Itinéraires de Promenade et de Randonnée), leur préservation est menacée : certains riverains cherchent leur accaparement, certaines communes peuvent les céder à des tiers sans examen approfondi de l’intérêt collectif.
