Dans le Morvan, le sapin bio : une alternative durable pour préserver la magie de Noël

Dans le parc naturel régional du Morvan, en Bourgogne-Franche-Comté, un vent d’écologie souffle sur les traditions de Noël. Parmi les 1 000 producteurs français de sapins de Noël, une vingtaine seulement s’engagent dans une production biologique. Ces pionniers, comme Bertrand Dumay et sa famille, cultivent des arbres exempts de pesticides, prouvant qu’une approche plus respectueuse de l’environnement est possible.

Sur une parcelle de deux hectares, Bertrand Dumay, aujourd’hui à la retraite, continue de transmettre son savoir-faire à ses enfants. Ici, les sapins Nordmann poussent dans un sol herbeux, nourri à la chaux et aux engrais organiques. Aucun produit chimique n’est utilisé, une exception dans une région où la monoculture intensive et l’usage du glyphosate dominent.

« Nous voulons apporter du bonheur dans les foyers sans nuire à l’environnement », explique Bertrand Dumay. Pourtant, il s’attriste de voir ces arbres, cultivés avec soin pendant une décennie, finir à la déchetterie après les fêtes.

Le poids de la monoculture dans le Morvan

Le Morvan est un acteur majeur de la production française de sapins de Noël, avec 25 % des conifères produits dans ses collines. Cependant, cette culture intensive a un impact environnemental conséquent. Le recours aux herbicides, comme le glyphosate, contamine les sols et les sources d’eau potable. « Une source près de chez nous reste polluée, vingt ans après l’arrêt des désherbants chimiques », déplore Bertrand.

Malgré une prise de conscience progressive, la majorité des producteurs conventionnels restent réticents à adopter des pratiques biologiques. La culture sans pesticides est exigeante : elle nécessite un entretien manuel intensif, comme la tonte fréquente des parcelles et la taille minutieuse des arbres.

Un défi technique et économique

Pour les producteurs bio, la transition a été une aventure semée d’embûches. Bertrand Dumay se souvient avoir dû inventer ses propres outils pour désherber et tester de nouvelles pratiques. Cultiver des sapins biologiques demande également de gérer les menaces naturelles, comme les chevreuils ou les oiseaux qui abîment les jeunes pousses.

Sur le plan financier, l’équilibre est difficile à atteindre. La vente directe, pratiquée par Bertrand, est une solution pour valoriser les sapins bio, souvent perçus à tort comme plus coûteux ou moins esthétiques.

Un symbole à réinventer

Si le sapin de Noël reste une tradition festive importante, certains questionnent sa pertinence à l’heure des crises climatiques et de la perte de biodiversité. Les monocultures de résineux acidifient les sols, et des militants comme Marie-Anne Guillemain plaident pour une diversification des cultures.

Pourtant, les producteurs bio, comme Bertrand Dumay, ne renoncent pas à cette tradition. « Nous prouvons qu’il est possible de garder la magie de Noël tout en préservant l’environnement », assure-t-il. Pour ces cultivateurs engagés, le sapin bio symbolise un compromis entre respect de la planète et joie des fêtes.

Dans le Morvan, ces pionniers montrent qu’un avenir plus durable est possible, même pour nos traditions les plus ancrées. Et pour les familles, choisir un sapin bio, c’est offrir un Noël authentique tout en soutenant une agriculture respectueuse de la nature.

Retrouvez la totalité de l’article sur libération.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *