Les ruines du mont Touleur

Au sommet du mont Touleur se dressent les vestiges d’une ancienne forteresse, qui aurait servi de château fort ou de tour de garde. Datant probablement du Xe ou XIe siècle, ces fortifications de hauteur, bien que peu nombreuses, ceinturaient le Morvan. Parmi elles figuraient également le château de Roussillon à Anost, Glenne à La Grande-Verrière ou encore la Vieille-Montagne à Saint-Honoré-les-Bains, tous disparus à la même époque que Touleur. Ces édifices se distinguaient par leur emplacement stratégique : des sommets escarpés et difficilement accessibles, constituant leur principale ligne de défense.

La forteresse du mont Touleur, quant à elle, aurait été érigée au moins au XIIe siècle. Une analyse de charbon de bois retrouvé dans le mortier des murs indique une période de construction située entre 1045 et 1095. Cependant, une datation au carbone 14 effectuée en 2017 suggère une unique phase de construction au XIIe siècle. Selon Jacques-François Baudiau, dans son ouvrage Le Morvand (1854), et d’après un manuscrit conservé au château de Rivière, la forteresse aurait été détruite en 1474 par le comte de Roussy, maréchal de Bourgogne. Cette destruction s’inscrit dans un contexte de troubles après la guerre de Cent Ans, qui vit toutes les défenses en hauteur du Morvan connaître le même sort. Par la suite, le pouvoir seigneurial s’est réorganisé autour de bourgs centralisés, rendant ces forteresses obsolètes et jamais reconstruites.

Une architecture médiévale impressionnante

Les ruines actuelles révèlent les traces d’une architecture typique du Moyen Âge. L’édifice occupait un rectangle de 21 mètres d’est en ouest et de 13 mètres du nord au sud. Les murs, épais de 1,80 mètre, étaient bâtis à même la roche et consolidés par un mortier extrêmement solide à base de tuileau pilé. Les façades est et ouest s’étendaient vers le nord, mais aucune basse-cour n’a pu être identifiée malgré des prospections réalisées en 2017. La roche environnante, taillée et intégrée dans les structures, renforce l’impression de robustesse.

Au centre de l’édifice, une grande salle rectangulaire subsiste, avec des murs encore visibles atteignant six mètres de hauteur. Cependant, les vestiges montrent que l’aménagement du site reste incomplet, laissant place à des hypothèses sur sa fonction originelle.

Un site en péril

Les ruines, bien qu’imposantes et facilement visibles, sont aujourd’hui menacées. Envahies par la végétation et situées sur une propriété privée, elles ne bénéficient d’aucune protection officielle. Plus bas, au sud-est, dans la parcelle appelée « bois de la Vannoise » et près de Beauregard, on peut observer de nombreux fossés et amas de moellons. Au sud, les vestiges d’une tour subsistent, tandis qu’au nord-est se trouve une dépression circulaire de 6 à 7 mètres de diamètre et 3 mètres de profondeur.

La légende de la vouivre

Le mont Touleur est aussi le théâtre d’une légende locale. On raconte qu’une vouivre, créature fantastique gardienne de trésors enfouis, habite les sous-sols du sommet. Ces souterrains ne s’ouvriraient qu’une fois par an, lors du dimanche des Rameaux, au moment précis où le curé frappe à la porte de l’église. Mais cette ouverture ne dure qu’un instant. Selon la tradition, une femme des environs aurait tenté sa chance, laissant son enfant derrière elle. Chaque jour, elle lui apportait du pain à la porte du souterrain. Un jour, par oubli, l’enfant, affamé, s’en serait mordu le poignet. Il fut finalement libéré un an plus tard, au même dimanche des Rameaux, appelé dans le Morvan le « dimanche des Pâques fleuries ».