La Voie du Tacot à Anost

Un peu d’histoire : Sur les traces du « Tacot » du Morvan

Autrefois, une voie ferrée mythique traversait le Morvan, transportant nos grands-parents et arrière-grands-parents pendant plus de trois décennies. Jusqu’au début du XXe siècle, aucune ligne de chemin de fer ne parcourait encore cette région montagneuse.

À la fin du XIXe siècle, deux projets ambitieux, longs à voir le jour, prévoyaient des voies transversales : l’une reliant Corbigny à Saulieu, l’autre Château-Chinon à Autun. Ces lignes étaient celles des « chemins de fer d’intérêt local », posées à voie étroite. Les Morvandiaux les surnommèrent affectueusement les « tacots », ces « engins qui cognent », un nom qui évoque bien les cahots et le rythme lent de ces petits trains.

Un spectacle d’antan

Imaginez le charme d’un tortillard haletant en montée depuis Autun, serpentant vaillamment en direction de Château-Chinon. Les jours de foire à Saint-Ladre, ce petit train transportait jusqu’à 2500 voyageurs. Mais avec une vitesse moyenne de 20 km/h, l’arrivée à Autun était plus certaine que celle du retour ! Il fallait compter près de 2h24 pour le trajet complet.

Un « tacot » pouvait s’étirer sur 7 à 9 wagons, mêlant bestiaux, marchandises, bois et passagers. Sur le parcours, une foule de petites gares et d’arrêts rythmaient le voyage, certaines subsistant encore aujourd’hui. À l’époque, il suffisait d’un simple signe au conducteur pour faire stopper la locomotive, une flexibilité inimaginable de nos jours.

Des paysages traversés avec bravoure

Le « tacot » suivait les courbes sinueuses du Morvan, justifiant bien son surnom de tortillard. Sortant de la Petite-Verrière, il longeait les ruines du Château de Roussillon, s’arrêtait brièvement aux Chevannes pour reprendre son souffle avant de poursuivre vers Vaumignon. Avec trois locomotives en service, ce petit train affrontait courageusement les hivers rigoureux. Il arrivait parfois que les passagers descendent pour pousser la locomotive, empêchant ainsi les roues de patiner sur les rails glacés.

Sur son trajet, le « tacot » franchissait 2 ponts sur l’Arroux, 4 viaducs en pierre, de nombreux ponceaux métalliques et passait près de carrières extrayant anthracite, graviers, fluorine et pavés.

Un patrimoine vivant

Aujourd’hui, quelques vestiges rappellent encore cette épopée : la gare d’Anost existe toujours, tout comme l’arrêt des Chevannes. Plus récemment, la gare de Vaumignon a repris vie. Depuis le 1er août 2023, elle accueille à nouveau des passagers, non pas avec des locomotives, mais grâce à L’AVANT GARE, un lieu chaleureux au bord de la rivière, où concerts, expositions et moments conviviaux rythment les saisons. Officiellement inauguré en septembre 2023 après plus d’un an de travaux soutenus par l’Union Européenne et l’État, ce café-bar-snack est devenu une halte incontournable.

Vers une nouvelle vie : le projet de voie verte

L’ancienne voie du « tacot » va bientôt retrouver une nouvelle fonction. Le tracé de la future voie verte Santenay – Autun – Nivernais suivra cette ligne historique. Sur Anost, ce chemin est déjà un agréable sentier de randonnée pédestre, invitant les promeneurs à découvrir le Morvan autrement.